Mazerier

2023 – Diagnostic église Saint-Saturnin

Diagnostic d’archéologie préventive

Date d’intervention : 22 au 30 mai 2023
Responsable scientifique : Jean-Baptiste Kowalski

Surface prescrite : 240 m2
Nature de l’aménagement : Requalification des abords de l’église

Aménageur : Commune de Mazerier

Chronologie : Antiquité, Moyen Âge, Époque Moderne, Époque Contemporaine

Vue générale de l’église Saint-Saturnin avant le début de l’opération (J.-B. Kowalski, SAPDA)
Peinture murale « l’Adoration des Mages » dans l’église (J.-B. Kowalski, SAPDA)
Plan général de l’opération (C. Le Guillou, SAPDA)

Une possible occupation antique observée en négatif est percevable sous la forme de quelques objets, notamment céramique, découverts dans l’ensemble des sondages (2e siècle av. n. è. au 4e siècle de n. è).

Les vestiges les plus précoces conservés ont été observés au niveau de la façade occidentale de l’église romane. Deux possibles niveaux construits installés sur un niveau d’occupation ou d’abandon brulé (fin du 7e – fin du 9e siècle) ont été trouvés. Seule une petite surface de ces niveaux a pu être aperçue. Néanmoins les sols construits semblent venir contre une maçonnerie constituée de moellons surmontés d’un bloc équarri à face dressée de calcaire de grandes dimensions antérieur à des remblais datés des 7e-8e siècles.

Vue vers l’ouest de la maçonnerie alto-médiévale trouvée dans le sondage 4 (J.-B. Kowalski, SAPDA)

Cette occupation semble se prolonger sous l’église dans la mesure où quelques céramiques résiduelles datées du haut Moyen Âge (476 – 987) ont été retrouvées à l’intérieur. Une ère funéraire n’est pas à exclure au vu de son emplacement, d’autant plus que des ossements humains ont été retrouvés dans les remblais les plus anciens.

Plan de l’église Saint-Saturnin établi en 1908 (Clément 1908)

Un abandon des niveaux du haut Moyen Âge semble survenir au cours du 8e ou du 9e siècle. Un hiatus a possiblement eu lieu entre cet abandon et l’édification de l’église romane traditionnellement datée entre le 11e et le 12e siècle. Il semblerait que seuls la nef centrale, le mur gouttereau sud, le chevet et une partie de la façade occidentale soient des restes de l’église romane.

Un sondage à l’intérieur de l’église a aussi permis d’observer un litage de niveaux peu épais couvrant une structure indéterminée faite de mortier de terre dont le mobilier orienterait vers des datations contemporaines de l’église romane.

Vue zénithale d’une structure indéterminée (notée Us 1042 et Us 1043) en mortier de terre (A. Lemesle, SAPDA)

La présence de céramiques tardo-médiévales dans les niveaux de remblais anciens permet d’envisager une campagne de réaménagement de l’intérieur de l’église à la fin du Moyen Âge sous la forme d’un niveau de sol construit (des dalles polygonales disposées à plat) accompagné d’un programme pictural (badigeons historiés datés de 1383).

Exemple de céramiques datées du Moyen Âge (P. Picq, SAPDA)

Un second réaménagement de l’intérieur de l’église (installation de tomettes) accompagné d’un nouveau programme pictural (enduit en faux appareil et frises polychromes) a pu survenir au XVIe siècle.

Vue vers le sud du badigeon du 16e siècle (partie haute, ocre à bandes rouges) et du badigeon du 14e siècle (noté Uc 1027) (C. Le Guillou, SAPDA)

Ces niveaux de circulation du début de l’Époque moderne ont ensuite été entaillés pour installer un espace funéraire au moins présent dans la moitié méridionale de la nef : trois inhumations ont été retrouvées dont un cercueil couvert d’un fin badigeon de chaux.

Plan du sondage 2 avec présence d’un cercueil en bois recouvert d’un fin badigeon de chaux (noté F103) (J.-B. Kowalski et A.Scher, SAPDA)
Ortophotographie du sondage 2, le cercueil ressort en blanc (J.-B. Kowalski, SAPDA)

Un autre espace funéraire dense a pu être observé au nord de l’église Saint-Saturnin. Treize sépultures ont été identifiées (enveloppe souple et/ou dans un contenant rigide en matériau périssable) et datées des 17e-18e siècles. L’installation d’adultes et d’immatures suggère la présence d’un cimetière paroissial relativement organisé (peu de recoupements, superpositions et espacement d’au moins 20 cm, ce qui rend probable la présence d’éléments de signalisation des tombes).

Plan du sondage 3 avec présence de sépultures (J.-B. Kowalski, A. Lemesle et A.Scher, SAPDA)
Vue zénithale d’une sépulture (A.Scher, SAPDA)
Vue zénithale d’une sépulture (A. Lemesle, SAPDA)

Plusieurs individus possèdent de possibles stigmates de tuberculose osseuse.

Vertèbres thoraciques présentant des lésions qui évoquent une possible tuberculose osseuse. Cette pathologie ne pourra être confirmée qu’avec des analyses plus poussées (radiologie, paléomicrobiologie) (A. Lemesle, SAPDA)

Les observations du bâti et la bibliographie permettent de mettre en évidence plusieurs reconstructions réalisées au cours du 19e siècle. Le clocher est détruit durant la Révolution et n’est reconstruit qu’en 1869-1870. Une baie insérée dans la façade ouest indique la date de 1812 et le parement extérieur du collatéral nord de la nef détonne par rapport au collatéral sud : la mise en œuvre des baies (boucharde et ciselure périmétrique sur des pierres de taille de calcaire) permettent de dater cette reconstruction du 19e siècle. Ces observations font échos aux vestiges retrouvés : deux fosses comportant une grande quantité d’ardoises viennent recouper les niveaux d’inhumations, pouvant être en lien avec le remplacement de la couverture du collatéral nord effectué en 1876. Une sacristie a été installée au 19e siècle contre le faux-transept sud mais finit par être démolie à la suite d’un incendie survenu en 2005.

Vue de l’abside et de l’absidiole sud (J.-B. Kowalski, SAPDA)
Vue de la façade occidentale et du porche (J.-B. Kowalski, SAPDA)
Vue du collatéral nord (J.-B. Kowalski, SAPDA)
Vue générale de la façade occidentale de l’église (J.-B. Kowalski, SAPDA)