2022 – Diagnostic place des Tilleuls
Diagnostic d’archéologie préventive
Date d’intervention : 21 au 25 mars 2022
Responsable scientifique : Kevin Dixon
Surface prescrite : 2 800 m2
Nature de l’aménagement : Requalification de la place
Aménageur : Commune de Montilly
Chronologie : Moyen Âge, Époque Moderne, Époque Contemporaine

Cette opération de diagnostic s’est déroulée sur la commune de Montilly, dans le cadre d’un projet de requalification de la place centrale du village (place des Tilleuls).

L’ensemble des quatre sondages effectués s’est révélé positif et met en avant des occupations médiévales (5e – 14e siècles) et modernes (15e – 18e siècles) scellées par les aménagements de voirie contemporains. La majeure partie des vestiges mis au jour correspond à des sépultures ainsi que quelques structures en creux. Les éléments les plus anciens sont datés entre le 8e et le début du 10e siècles (sépultures) et les plus récents sont associables à la période contemporaine (aménagement de la place). Un phasage de l’occupation en cinq périodes principales est proposé.


La première période se définit par les sépultures reconnues comme les plus profondes. L’une d’elle est datée par radiocarbone (C14) entre le 8e et le début du 10e siècle. Ces inhumations mettent en avant la présence d’un cimetière carolingien (751-987), statuant ainsi de l’ancienneté de l’implantation médiévale du village.

Plus tard, quelques sépultures présentent la particularité d’avoir probablement conservé des marqueurs de surface signalant l’emplacement des inhumations, ce qui les a protégés de tout recoupement. En effet, une dalle calcaire fragmentée a par exemple été découverte au sommet de l’horizon de la « terre de cimetière » et présente des similitudes avec ceux découverts aux alentours du prieuré Notre-Dame à Montluçon et datés des 11e-12e siècles. Ces sépultures pourraient illustrer l’extension vers l’ouest à l’époque romane (11e-12e siècles) du cimetière carolingien.


Au nord-est de l’opération, sept structures en creux, dont la plupart correspondent à des trous de poteau, ont été découvertes. Ces faits sont datés de la période médiévale, probablement entre le 13e et le 15e siècles. Ils pourraient appartenir à plusieurs bâtiments dont la nature (domestique ou artisanale) n’a pu être déterminée. Il n’a pas été possible de préciser l’étendue de cette occupation car elle est bordée et recoupée au sud par un espace funéraire d’Epoque Moderne (15e-17e siècles).


La quatrième phase correspond à la plus grande extension observée vers l’ouest du cimetière et s’étendant sur les sondages 1, 2 et 3. Il s’agit d’inhumations associées à la période moderne (1492 – 1789). Par manque de temps il n’a pas été possible de s’engager dans à un nettoyage systématique de toutes les sépultures présentent dans les tranchées ouvertes Les individus sont orientés principalement SOS-ENE à l’exception de celles situées dans le sondage 1 (NO-SE).




Les tranchées 01 et 03 présentent une forte pression spatiale matérialisée par de fréquents recoupements avec rebasculements des ossements perturbés dans la terre de comblement des creusements fraichement pratiqués. Plusieurs réductions associées à ce phénomène ont été observées (rassemblement de tous les ossements rencontrés dans un même endroit, souvent réduit).
L’analyse radiocarbone effectuée sur l’un des sujets établie une datation entre la fin du 15e et le 17e siècle.


La présence d’un muret recoupé par une sépulture, mais compris dans la « terre de cimetière », laisse augurer de constantes réorganisations spatiales et des limites fluctuantes au sein du cimetière ou le circonscrivant.


Enfin, un niveau de circulation correspond probablement à un aménagement contemporain de la place des Tilleuls, au même titre que les horizons de voirie moderne ou contemporain perçus en partie haute de chacun des sondages et composant l’organisation actuelle du bourg de Montilly.
L’occupation sur le temps long de l’aire funéraire mise en regard avec les pratiques organisationnelles, de gestion du cimetière et les pratiques funéraires permet donc à ce site d’alimenter de façon importante les réflexions régionales d’ordre typo-chronologique et sur les modalités et les rythmes des occupations funéraires en centre-bourg au fil du temps.

