2019, 2021, 2023 – Diagnostic Église Saint-Léger
Diagnostic d’archéologie préventive
Date d’intervention : 2019 – 2021 – 2023
Responsable scientifique : Franck Chaléat
Surface prescrite : 397 m2 (2019), 250 m2 (2021), 3 567 m2 (2023)
Nature de l’aménagement : Aménagement d’un parc de stationnement
Aménageur : Commune d’Arronnes
Chronologie : Moyen Âge, Époque Moderne, Époque Contemporaine

Les abords de l’église romane d’Arronnes ont connu trois vagues successives de diagnostic préventif au cours des années 2019, 2021 et 2023, selon des conditions d’intervention différentes : en 2019 et 2021, il s’agissait de suivre en coactivité l’ouverture de tranchées d’installation de réseaux d’éclairage du lieu de culte, d’abord le long du mur gouttereau sud (2019) puis sur les deux faces nord et sud (2021) ; en 2023, un vrai diagnostic anticipé a permis d’ouvrir 3 tranchées au sud de l’église et d’intégrer une expertise de bâti sur une demeure voisine (ancien restaurant).

Les indices des anciennes occupations humaines récoltés lors de ces opérations sont disparates, lacunaires, et restent incertains concernant le passé pré-monastique du site, avant la fondation clunisienne connue dès 1095. Ainsi, de rares éléments antique (1er-4e siècles) semblent émerger du diagnostic de 2023, au travers de quelques tessons de céramique localisés dans des remblais contemporains dont on peine à voir la provenance. De même, un sol de galets appréhendé en 2019 au pied du gouttereau sud incluait du mobilier céramique des 7e – 8e siècles et pourrait se rattacher à un trou de poteau voisin : l’ensemble apparaît en décalage avec tous les autres vestiges bâtis mais répond à un niveau de circulation antérieur aux fondations de l’église, et pourrait témoigner d’une installation alto-médiévale ayant précédé le prieuré, que vient souligner l’existence de l’ancien vocable Saint-Léger (typiquement carolingien). Un seul élément du Moyen Âge central, daté par radiocarbone des 10e-11e siècles, pourrait être lié aux débuts du prieuré : il s’agit d’un épandage de charbons visiblement lié à des structures de chauffe mal conservées au sommet du substrat (tranchée 4, US 415).
Diverses maçonneries anciennes sont localisées autour de la nef, qui éclairent le contexte architectural de la seconde moitié du Moyen Âge, mais l’absence d’objets et de vestiges archéologiques du chantier de construction interdit de confirmer ou de nuancer la chronologie de l’érection de l’église (habituellement datée du 12e siècle). En 2019 et 2021, deux arases épaisses ont été dégagées dans le prolongement de l’arc triomphal (notés sur le plan : MR 4 au sud et F 1024 au nord), et sont visiblement liées à la présence d’un ancien transept débordant, ce qui accrédite la tradition d’un ancien chœur roman bien plus développé que l’abside actuelle. À proximité du gouttereau sud, c’est dans des remblais mal datés (13e siècle ?) que prennent place trois maçonneries imposantes aux orientations orthogonales (SB 1, MR 16 et MR 17, sondage de 2019) qui pourraient correspondre aux bâtiments du prieuré clunisien.

Enfin, les parcelles méridionales investies en 2023 ont révélé l’existence d’un dernier bâtiment maçonné plus éloigné (F 6001, F 4007 sur le plan), qui pourrait avoir été construit au cours de l’Époque Moderne (1492-1789), il semble équipé d’un four.
Au plus près de l’église, une présence funéraire se développe de façon localisée et progressive, dont nous n’avons pu appréhender que les sépultures conservées les plus hautes, sans jamais atteindre le substrat naturel. On décèle des inhumations de la fin du Moyen Âge et / ou de la première moitié de l’Époque Moderne (14e-16e siècles) à l’endroit du parvis occidental (sondage 3 de 2019) et des sépultures de la fin de l’Époque Moderne (18e siècle ?) ou de l’Époque Contemporaine (19e-20e siècles) le long du gouttereau nord (tranchée 1 de 2021). Ceci atteste du cumul tardif des fonctions priorale et paroissiale pour l’église Saint-Léger et pourrait trahir un déplacement (ou une extension) du cimetière le long de la façade septentrionale au seuil de l’époque industrielle, localisation encore visible sur les anciennes photographies.
Aucun défunt n’est présent au sud de l’église. Dans ce cadre, la maçonnerie arasée F 1025 découverte en 2021 à l’extrémité nord de la façade occidentale pourrait matérialiser l’ancien mur de clôture de ce cimetière septentrional.

La fin de l’Epoque Moderne ou le début de l’Epoque Contemporaine (vers les 18e-19e siècles) président à une restructuration complète de la physionomie du site, ainsi qu’en témoigne le plan cadastral ancien de 1841 : à cette date, le chœur de l’église est déjà réduit, et les constructions méridionales sont toutes détruites, à l’exception du bâtiment sud doté du four, qui existe encore. À l’endroit du jardin public actuel, ces destructions président à un apport massif de terre de jardin qui nivelle le tout et prépare la constitution de zones de jardins (d’abord privés puis public), auxquels se rattachent divers drains anciens.

Au tournant des 19e et 20e siècles, le bâtiment de l’ancien restaurant est édifié, tandis que le cimetière est purgé et nivelé le long du gouttereau nord et du chœur de l’église (entre 1909 et 1921 ?). C’est peut-être dans le même élan que le bâtiment sud à abside est détruit, avant son remplacement par une remise en bois qui dure jusqu’au troisième quart du 20e siècle.
