Cusset

2019 – Diagnostic « Boulevard urbain Vichy », Tranche 3

Diagnostic d’archéologie préventive

Date d’intervention : 28 janvier au 29 mai 2019
Responsable scientifique : Perrine Picq

Surface prescrite : 22 732 m2
Nature de l’aménagement : Projet d’aménagement de la 3e tranche du boulevard urbain Est de Vichy-Cusset

Aménageur : Vichy Communauté

Chronologie : Protohistoire, Antiquité, Moyen Âge, Époque Moderne, Époque Contemporaine

Plan général de l’opération de diagnostic (P. Picq, SAPDA)

Cette opération de diagnostic, mise en œuvre en amont de la réalisation de l’aménagement de la troisième phase du boulevard urbain Vichy-Cusset, fait suite à trois diagnostics déjà effectués en 2012 et 2016 sur les tranches 1 et 2 de ces mêmes travaux d’urbanisation, portés par Vichy Communauté.

Elle a été menée en deux phases du 28/01/2019 au 04/02/2019 et du 23/05/2019 au 29/05/2019, considérant des contraintes environnementales impactant momentanément l’emprise, et notamment liées à la présence protégée de tritons palmés sur certaines zones en friche. Au total, 32 sondages ont été réalisés lors des deux phases d’intervention, représentant 9,55% de l’emprise totale des travaux, et 36 vestiges archéologiques ont été mis au jour.

Plan général des vestiges découverts (P. Picq, SAPDA)

L’emprise diagnostiquée est située dans une combe dont la pente permettant d’accéder au plateau est relativement faible et au centre de laquelle se trouve une source résurgente.

Projection des sondages sur les courbes de niveaux et localisation de la source (SAPDA)

Le diagnostic a révélé la subsistance de larges vestiges linéaires qui suivent la pente naturelle du relief, et sont possiblement associés à des paléosols non distingués lors de l’opération.

Cliché d’une grande coupe montrant la présence de dépôts argileux (SAPDA)
Relevé archéologique de cette même coupe montrant les dépôts argileux : US13.1, US13.2, US13.3 et US13.4 (SAPDA)

Au regard des comblements argileux et visiblement stagnants observés au sein de ces structures, en opposition à la pente qui semblerait davantage indiquer un ruissellement continu des eaux, l’hypothèse de l’existence d’un barrage, naturel ou anthropique, traversant la pente peut être soulevée. Il peut par ailleurs être envisagé, à la lumière des observations géomorphologiques de terrain, qu’un glissement de terrain ait pu être à l’origine de ce phénomène de retenue de l’eau.

Emprise de dépôts argileux (SAPDA)
Dépôt argileux linéaire (SAPDA)

Les vestiges concernés ont livré un mobilier céramique suffisamment important et bien conservé pour pouvoir en déterminer des périodes de production réparties de l’âge du Bronze ancien (entre 2200 et 1600 avant notre ère) à La Tène ancienne (vers 475 / 450-425 avant notre ère), dénotant ainsi une implantation humaine sur le temps long. Le mobilier recueilli hors-contexte étend par ailleurs ces datations jusqu’au Haut-Empire (entre 52 avant et 230 après notre ère), dénotant ainsi la présence potentiellement proche d’un site antique, même si celui-ci n’a pas été perçu lors de l’opération.

Extrait du mobilier céramique protohistorique (2100 à 52 avant notre ère) (D. Lallemand, SAPDA)
Céramiques datées de l’âge du Bronze ancien (entre 2200 et 1600 avant notre ère) (D. Lallemand, SAPDA)
Céramiques datées du Hallastatt final (510 / 475-450 avant notre ère) et de La Tène ancienne (vers 475 / 450-425 avant notre ère) (D. Lallemand, SAPDA)

Quelques rares vestiges datés par le mobilier associé du bas Moyen Âge (987 / 1492) ont par ailleurs été perçus au sein de structures en creux isolées.

Photographie d’une fosse datée du bas Moyen Âge (987 / 1492) (SAPDA)
Relevé en plan et en coupe de la même fosse (SAPDA)

Enfin, des aménagements de sols modernes (16e-18e siècles), repris à l’Epoque Contemporaine (19e siècle à nos jours), ont également été mis au jour aux abords directs du puits relié à la source.

Aménagements datées des Epoques Moderne (16e-18e siècles) et Contemporaine (19e siècle à nos jours), autour de la source (SAPDA)

Ce diagnostic archéologique a ainsi mis en lumière la subsistance d’un gisement protohistorique multiphasé (2100 à 52 avant notre ère), dont les contours diffus n’ont pu être que partiellement perçus dans ce contexte d’opération par essence lacunaire, mais qu’une recherche extensive pourrait permettre de comprendre davantage. Le mobilier associé, dense, parfois inédit et vraisemblablement stratifié, permet, tant par la quantité recueillie que par sa qualité de conservation, d’affirmer le potentiel archéologique de cette découverte, ainsi que son étendue, sur quelques 500 m de distance du nord vers le sud. Il convient par ailleurs de rappeler la présence récurrente lors de cette opération de la problématique de l’eau, liée à la source proche. Cette particularité s’est manifestée sur le terrain par des infiltrations gorgeant le terrain, et provoquant des effondrements répétés des coupes et des bermes de sécurité réalisées.

Archéologue en cours de fouilles (SAPDA)
2018 – Fouille de la place Victor Hugo

Fouille d’archéologie préventive

Date d’intervention : 11 juin au 28 septembre 2018
Responsable scientifique : Franck CHALEAT

Surface prescrite : 750 m2
Nature de l’aménagement : Requalification de place

Aménageur : Commune de Cusset

Chronologie : Protohistoire, Antiquité, Moyen Âge, Époque Moderne, Époque Contemporaine

Une fouille urbaine majeure

La présente fouille a été prescrite en amont de la réfection de la place Victor Hugo de Cusset (aménagement d’un espace multimodal et de l’implantation d’une fontaine), à la suite d’un diagnostic positif mené en décembre 2017, et elle a été réalisée par une équipe à contour variable de 15 archéologues au maximum, du 14 juin au 28 septembre 2018 (incluant la tranche conditionnelle de 15 jours).

Vue drone de la fouille au sein de la place Victor Hugo (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Vue drone de la fouille au sein de la place Victor Hugo (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Zone 2 en cours de fouille (SAPDA)
Archéologues pratiquant des relevés (SAPDA)

Sur une surface totale de 750 m², trois zones de géométrie différente devaient être explorées, à savoir une large fenêtre occidentale quadrangulaire de 550 m² (nommée Zone 1), à fouiller jusqu’au sol naturel, et deux bandes orientales rectilignes d’axe est/ouest (zones 2 et 3), d’une surface de 100 m² chacune, à explorer jusqu’à la cote de -50 cm. Ces trois zones recoupent trois sondages du diagnostic de 2017, mais aussi plusieurs tranchées de suivi de travaux menées en 1992-93 qui avaient déjà révélé le passé antique et médiéval de la place, au travers de vestiges de thermes, d’églises et d’un cimetière central.

Plan des différentes interventions archéologiques menées sur la place Victor Hugo (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)
Plan général des vestiges découverts en 2018 (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)
Repositionnement des photographies drone des différentes zones de fouilles (T. Eyraud, Actua drone / G. Rocque, SAPDA)
Fouille minutieuse de sépultures, notamment de nourrissons (SAPDA)
Il est nécessaire de prendre son temps pour ne pas faire bouger les os (SAPDA)

Les éléments les plus anciens

Au terme de la fouille, le profil du terrain naturel reste mal appréhendé, puisque, au regard des cotes de travail imposées, le socle géologique n’a été réellement suivi qu’au sein d’une seule tranchée de réseau d’axe nord / sud (purgée), et sur moins d’une quinzaine de points distribués au gré de sondages ponctuels. Aucun transect net n’en est ressorti, et on peut seulement attester de la présence d’une matrice graveleuse participant de la terrasse alluviale des cours d’eau locaux (le Sichon et le Jolan), terrasse conservée à la profondeur moyenne de -120 cm et qui a servi de socle pour les fondations antiques.

Coupe simplifiée de la tranchée centrale montrant l’apparition du substrat géologique (R. Guillon, SAPDA)

Sur cette base, la vision d’une éventuelle occupation protohistorique se résume à des éléments disparates (phase A) : trois strates de la partie ouest de la place ont livré un mobilier céramique très bien conservé daté de l’âge du Bronze final IIIb (vers 950 à 800 avant notre ère), rattaché à des fonctions de conservation, de préparation ou de service ; en revanche, aucune structure n’a permis de compléter les découvertes du diagnostic, notamment le fossé pré-antique creusé en partie ouest de la terrasse et renfermant une céramique carénée de La Tène C2 (vers 200 à 160 avant notre ère).

Ensemble céramique datées de l’Âge du Bronze IIIb (vers 950 à 800 avant notre ère) (D. Lallemand, SAPDA)

L’occupation antique la plus visible est celle d’un vaste complexe thermal, dont la construction se place entre le dernier tiers du 1er siècle et le premier quart du 2e siècle de notre ère. Pourtant, plusieurs indices mettent en lumière une possible occupation préalable aux thermes (phase B), notamment des maçonneries à l’appareil peu régulier conservées sous les murs et sols de la fin du 1er siècle, et qui suivent une orientation divergente de celles des salles du complexe.

Localisation des vestiges de la phase B, datés du 1er siècle de notre ère (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)
Les sols notées Us 10341 et US 10342, ainsi que le mur MR10345 sont situés sous un sol des thermes antiques (noté SL10337), ils sont donc plus anciens (G. Rocque, SAPDA)
Le long mur noté 20012 et 20502 pourrait être antérieur aux thermes d’après les mortiers utilisés (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)

Par ailleurs, le sondage le plus oriental du diagnostic permet de supposer l’existence d’un autre bâti précoce du Haut-Empire (52 avant – 235 après notre ère) le long de l’actuelle rue du Censeur et sous la nef actuelle de l’église paroissiale, doté d’un sol de cour et d’un pas d’âne, et associé à des canalisations en dalles.

Relevé et photogrammétrie des vestiges datés du 1er siècle de notre ère, découverts lors du diagnostic de 2018 (G. Rocque et E. Yény, SAPDA)

Un établissement thermal public d’importance

Lorsque le complexe thermal est érigé entre le dernier tiers du 1er siècle et le premier quart du 2e siècle de notre ère (phase C), il y a possiblement un réhaussement de niveau de sol à l’est et un arasement des structures antérieures à l’ouest. Les maçonneries thermales suivent une orientation principale nord-ouest / sud-est (113°) et s’avèrent très homogènes : on note l’emploi généralisé d’un appareil de moellons réguliers (opus vittatum), et une technique générale d’adossement des murs secondaires contre quelques murs structurants sans aucune amorce de chaînage d’angle ; les recettes de mortiers étudiées pourraient trahir la tâche simultanée de plusieurs équipes.

Plan général des vestiges associés à l’édifice thermal (G. Rocque, SAPDA)
Exemple de chainage d’angle d’un mur extérieur, en partie recouvert d’un enduit de protection. On peut vois les élévations dans la partie haute, et une partie des fondations dans la partie basse, un peu au-dessus du sol. Le fond n’est pas atteint (G. Rocque, SAPDA)
Construction type des murs internes de l’édifice. Les fondations sont constituées de plusieurs niveaux de pierres jetées dans une tranchée. Le dernier niveau est recouvert d’un lit de mortier. Ensuite, un ressaut (réduction de la largeur du mur) permet la construction d’une nouvelle assise de pierres grossières. Puis, les assises (rangées) sont de plus en plus régulières et organisées jusqu’à un nouveau ressaut, plus fin, qui marque le départ des élévations (G. Rocque, SAPDA)

En l’état, cinq pièces avec des sols d’hypocauste sont connus (dont un pour une pièce en hémicycle identifiée comme caldarium à solium absidal). Les hypocaustes sont un système de chauffage par le sol. Le sol de circulation, sur lequel marchent les baigneurs, est soutenu par des pilettes de briques, d’une hauteur d’environ 50 cm, disposées en un carroyage plus ou moins régulier tous les 40 cm environ. L’air chaud circule entre ces pilettes chauffant ainsi la salle par le sol.

Plan de la pièce à abside, interprétée comme un caldairum, espace très chaud (qui pouvait monter jusqu’à 50°C)
Vue drone montrant les vestiges du caldarium mis au jour en 2018, en rouge (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Dans cet espace, les pilettes d’hypocaustes ont toutes disparues, mais leurs empreintes restent visibles dans le mortier du sol de soutènement (G. Rocque, SAPDA)
Sur ce sol, entouré de murs plus récents, quelques briques presque carrées (environ 20 cm de côté) sont encore empilées les unes sur les autres (G. Rocque, SAPDA)
Pilette d’hypocauste partiellement conservée (M. Bandiera, SAPDA)

Ces pièces sont chauffées par le biais de longs canaux qui conduisaient la chaleur depuis des espaces de services (praefurnia) où se trouvaient les foyers. Ces pièces se trouvent en dehors de la zone de fouille et l’une d’elle a presque totalement été détruite par le grand réseau électrique central. Nous ne connaissons donc de ce système de chauffage que les canaux.

Canal de chauffe amenant l’air au sein du caldarium. Au centre, le bouchon de pierres et de tuiles est plus récent. L’espace entre les deux jambages de tuiles était libre et permettait de faire entrer la chaleur depuis le canal visible au fond (G. Rocque, SAPDA)
Bouche de chauffe composé de deux jambages de tuiles (M. Labalme, SAPDA)

Le plan permet d’isoler en outre cinq autres pièces non chauffées ainsi que deux bassins en saillie vers l’ouest (dont un accueillait de l’eau froide), deux espaces de cours.

Sol de mortier hydraulique, de couleur rosée, sur lequel viennent se poser des murs et restes humains de datation plus récente (A. Lemesle, SAPDA)
En bleu, un caniveau longe l’extérieur du bâtiment thermal et enserre un bassin (en rouge) (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Le bassin d’eau froide présente une forme rectangulaire en extérieur, et semi-circulaire en extérieur (G. Rocque, SAPDA)
Le bassin est recouvert de mortier hydraulique (de couleur rose) et garde l’empreinte des dalles. Celles-ci étaient constituée de briques et ont été récupérées au moment de l’abandon des thermes (G. Rocque, SAPDA)
Ce caniveau (ou égout ?) est décrit patiemment (SAPDA)

L’extension supposée de l’ensemble pourrait couvrir une emprise rectangulaire de 49,35 m sur 30 m de largeur, et l’hypothèse la plus probable est celle de thermes publics (ici reliés à des eaux minérales froides) participant au pôle antique de Vichy pour une fonction curative ou hygiénique.

Différentes hypothèses de restitution de l’emprise de l’édifice thermal (G. Rocque, SAPDA)

Une vaste phase d’occupation de ces thermes (phase D) semble courir sans heurt jusqu’au tournant des 4e – 5e siècles : on note certaines réfections de sols, la reconstruction partielle de praefurnia, mais la datation des charbons liés à divers niveaux de chauffe tardifs et à des niveaux d’incendie assoient l’hypothèse d’une continuité d’utilisation des équipements thermaux au moins jusqu’au début du haut Moyen Âge (6e – 7e siècles).

Transformation de l’édifice thermal

Une charnière importante concerne l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge, probablement vers les 6e – 7e siècles (phase E), avec la fin d’un usage thermal au profit d’une occupation plus diversifiée.

Modifications de l’édifice thermal qui change de fonction, Phase E : datée des IVe – début Ve, voire VIe – VIIe siècles (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)
En rouge emprise des murs qui viennent fermer et séparer le vaste caldarium des thermes (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)

Au sud, l’ancien caldarium à abside est transformé. De nouveaux murs subdivisent la pièce : l’espace à abside est fermé et devient rectangulaire. Par la même occasion, un nouveau sol est construit. Installé sur un remblai de pierres, il atteste que ce vaste espace n’est plus chauffé.

Le sol noté SL30045 correspond au nouveau sol édifié lors de la phase E. Il repose sur un remblai de sol visible entre le sol noté SL30054 et le sol SL30045. Le sol SL30054 est celui qui supportait les pilettes d’hypocauste. Elles ont toutes disparues, probablement démontées lors de la construction du nouveau sol (G. Rocque, SAPDA)
Lambeau de ce nouveau sol, largement recoupé par les murs médiévaux plus récents. Le niveau noir sur la surface, traduit sa destruction par un incendie (phase F) (S. Baraton, SAPDA)

D’ailleurs, les différents canaux de chauffe observés sont condamnés.

Bouchage par des matériaux variés du canal de chauffe attestant que la pièce n’est plus chauffée lors de cette phase (G. Rocque, SAPDA)

Abandon de l’édifice et premiers espaces funéraires

Cette dynamique se perpétue avec l’implantation progressive d’un espace funéraire qui va partiellement oblitérer le bâti antique dans le courant des 7e – 8e siècles (phase F).

Effacement du bâti antique au profit d’un espace funéraire, Phase F : datée des 7e – 8e siècles (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

L’édifice précédent semble détruit par un incendie qui vient probablement ruiner les salles encore utilisées, déjà partiellement détruites.

Trace d’incendie (niveau noir) sur un sol (S. Baraton, SAPDA)

Les maçonneries subsistantes, encore en partie en élévation, sont utilisées comme autant de caissons pour un immense remblaiement du site.

Détail de l’enchevêtrement des matériaux de destruction de l’édifice thermal (G. Rocque, SAPDA)
Remplissage du bassin d’eau froide des thermes antiques avec de nombreux matériaux détruits (fragments de sols, tuiles, briques, etc.) (G. Rocque, SAPDA)

C’est ce remblai qui sert de socle pour le creusement des premières sépultures alto-médiévales, caractérisées par des inhumations en enveloppe souple ou en contenant de bois, et l’on note la présence d’un dépôt d’ossements en position secondaire associant au moins sept individus.

Inhumation en enveloppe souple (M. Gobron, SAPDA)
Photographie d’une sépulture avec contenant en bois, planche partiellement conservée (C. Viau, SAPDA)
Dessin de la même sépulture où la planche est représentée en noire (C. Viau, SAPDA)
Dépôt secondaire d’ossements comprenant au moins sept individus (quatre adultes, un immature âgé de 3 à 5 ans, un autre âgé entre 1 et 2 ans et un nourrisson) (A. Lemesle, SAPDA)
Dessin du même dépôt. Un dépôt secondaire correspond au rassemblement d’ossements provenant de plusieurs sépultures dans un même ensemble (A. Lemesle, SAPDA)

Par ailleurs, cette phase inclut divers dépôts incluant des objets mérovingiens ou alto-médiévaux qui attestent d’une occupation, et notamment d’actes d’artisanat lié au travail du métal.

Un bâti partiellement religieux

C’est sans doute en prolongement de cette logique que l’organisation bâtie subit une refonte totale au moment de l’époque carolingienne (751-987) (phase G).

Un bâti pré-roman partiellement religieux, Phase G : datée des fin 8e – 9e siècles ? (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

A l’ouest, plusieurs murs sont mis en relation sur la base des mortiers. Ils dessinent une structure quadrangulaire cantonnée par un nouvel édifice à abside. Celui-ci s’apparente à un lieu de culte précoce et qui est fondé après une tombe datée des 7e-9e siècles par radiocarbone.

Vue d’ensemble du bâtiment à abside, par drone (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Vue générale du bâtiment à abside, depuis le sol (F. Chaléat, SAPDA)

Une seconde nappe funéraire pré-romane prend place en lien avec ces nouvelles constructions (phase H).

Le devenir architectural et funéraire de l’espace bâti, Phase H : datée des 9e – 10e siècles ? (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

Au moins trois sarcophages de grès gravitent autour du supposé lieu de culte, tandis qu’un sarcophage privilégié installé dans l’abside pourrait trahir une utilisation comme memoria ; plus au sud et plus à l’est, les autres murs servent de repère pour aligner des tombes diverses (sans sarcophage).

Sépulture en sarcophage coupée par une tranchée de réseau contemporaine (M. Gobron, SAPDA)
Dessin de la sépulture en sarcophage (M. Gobron, SAPDA)
Sépulture en sarcophage coupée par un mur plus récent (C. Viau, SAPDA)
Dessin de la sépulture en sarcophage (C. Viau, SAPDA)
Sarcophage le mieux conservé, au sein de l’édifice à abside, avec sa dalle de couverture en partie conservée (M. Gobron, SAPDA)
Relevé du sarcophage avec sa dalle de couverture (M. Gobron, SAPDA)
Le même sarcophage une fois de couvercle retiré, le squelette est très abîmé (M. Gobron, SAPDA)
Relevé du sarcophage sans sa dalle de couverture (M. Gobron, SAPDA)
Sarcophage en cours d’étude (F. Chaléat, SAPDA)

Construction de l’église Notre Dame

C’est cette nouvelle structure bâtie qui sert d’ancrage à l’église Notre-Dame, construite en plusieurs étapes durant l’époque romane (10e – 13e siècles) (phase I).

Une première campagne de chantier pourrait avoir consisté en un chemisage de l’abside carolingienne, avant la mise en place d’une vaste grille de fondation qui trahit le choix d’un plan rectangulaire à abside carrée entièrement développé au sud de la memoria.

Genèse et transformation de l’église romane Notre Dame, Phase I : datée des 10e – 13e siècles ? Première campagne de construction (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

Par la suite, une abside semi-circulaire d’ampleur vient envelopper le choeur ainsi constitué.

Un nouveau chœur à déambulatoire pour l’église Notre-Dame (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

Enfin, en dernier lieu, quatre chapelles rayonnantes associées à un déambulatoire sont greffés sur l’abside.

Ajout de et chapelles rayonnantes à l’église Notre-Dame (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)
En rouge, mur d’une chapelle rayonnante (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
En rouge, mur d’une chapelle rayonnante (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)

Aucun élément datant ne permet de cerner ces divers chantiers dans le temps, mais la dernière formule (à quatre chapelles) semble caractéristique des églises mariales des 10e-12e siècles. Les acquis historiques permettent de contextualiser cette construction, qui accompagne l’implantation de deux autres églises, une église abbatiale Saint-Sauveur (de fondation tardo-carolingienne ?) au sud de la place, et une église paroissiale Saint-Saturnin (de la fin du 11e siècle) en partie est. Aucun vestige médiéval de ces autres lieux de culte n’a été clairement identifié et daté par l’archéologie.

Restitution complète de l’église Notre-Dame (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

Evolution de la zone cimétériale

Sur le temps long, on saisit le développement progressif d’une vaste zone cimétériale liée aux trois sanctuaires jusqu’au 18e siècle (phase J).

L’usage médiéval funéraire et cultuel des églises Notre-Dame, Saint-Sauveur et Saint-Saturnin et de leurs abords, Phase J : datée des 11e – 13e siècles (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

Dans la phase identifiée comme médiévale, les tombes s’implantent autant dans les églises qu’en dehors, et l’inhumation en contenant de bois domine.

Sépulture installée sur une tombe plus ancienne dont on voit apparaître un pied entre les fémur (en jaune sur le dessin) (L Gagnard, SAPDA)
Dessin de la sépulture (L Gagnard, SAPDA)
Dessin de la sépulture (R. Guillon, SAPDA)
Sépulture d’un enfant âgé entre 1 et 2 ans, le corps a été installé sur un ancien mur (R. Guillon, SAPDA)
Sépulture ayant recoupé des maçonneries antiques (L Gagnard, SAPDA)
Dessin de la sépulture (L Gagnard, SAPDA)
Vue générale de la fouille du secteur 1 (SAPDA)
Chaque squelette est soigneusement mis au jour pour révéler l’organisation de la sépulture (SAPDA)

Hors des églises, l’espace funéraire semble encore structuré par le mur oblique carolingien (en zone 2), partiellement reconstruit, mais aussi par un ancien mur de façade de Saint-Saturnin, ou encore d’autres constructions légères, qui contraignent toutes à un certain alignement des sépultures, et qui pourraient matérialiser un zonage. Au moins deux niveaux de sol semblent avoir scandé l’étagement des tombes, dont un sol oriental manifestement lié à l’entrée occidentale de Saint-Saturnin.

En rouge, ancien mur oblique qui structure l’espace cimétérial (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Restitution de l’organisation de l’espace lors de la phase J (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

La phase moderne du cimetière (phase K) est marquée par plusieurs modifications bâties qui impactent la délimitation du cimetière.

Le nouveau paysage cultuel et funéraire dès la fin du Moyen Âge au nord du monastère, Phase K : datée de la période Moderne (18e siècle ?) (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

Au nord, l’ancien mur oblique carolingien perd son statut de limite et disparaît progressivement sous les tombes ; au sud, la reconstruction du transept nord de l’abbatiale Saint-Sauveur (datée archéologiquement du 17e siècle) semble avoir empiété sur l’ancienne zone funéraire et réduit cet espace.

Recoupement des sépultures médiévales par le mur de transept de l’abbatiale Saint Sauveur (F. Chaléat, SAPDA)
Certains corps sont déposés dans des coffrages de pierres (SAPDA)

Enfin, dans l’église Notre-Dame, plusieurs caveaux funéraires sont aménagés dans la nef (partie centrale et méridionale) et dans certaines chapelles rayonnantes.

Caveaux 4.1 et 4.2 installés dans la nef de l’église Notre Dame, avant sa fouille (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Dans le caveau 4-1, seuls les os tombés sous le sol sont conservés (L Gagnard, SAPDA)
Dans le caveau 4-1, seuls les os tombés sous le sol sont conservés (L Gagnard, SAPDA)
Caveau en cours de fouille (SAPDA)
Caveaux installé 3.1 et 3.2 installés au sud du chœur de Notre Dame (A. Lemesle, SAPDA)
Restitution de l’organisation de l’espace lors de la phase K (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

Transformation de la place à partir de la Révolution

Les modifications liées à la Révolution française inaugurent une transformation radicale du site (phase L) :   au-delà de l’arasement des murs, l’archéologie capte les opérations de destruction par une accumulation de remblais de démolition qui servent aussi à combler les caveaux largement purgés, et le sommet de l’ancien cimetière est scellé par divers sols tardifs qui participent à la constitution d’une nouvelle place.

La destruction (révolutionnaire ?) du bâti religieux et le scellement des nappes funéraires, Phase L (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)

En dernier lieu, l’ultime atteinte des vestiges est matérialisée par un semis de structures creuses mal identifiées qui relèvent de la Place d’Armes du XIXe siècle (plantations, poteaux, potelets, rambardes ?), mais surtout par les percements denses et larges des tranchées de réseaux du XXe siècle, qui ont parfois traversé l’entièreté de la séquence jusqu’au substrat (phase M). Parmi ces derniers éléments, l’archéologie fait un retour sur elle-même en intégrant la prise en compte des tranchées et sondages de 1992-93, relus sous une nouvelle lumière.

Les aménagements contemporains de sols et de réseaux, Phase M (F. Chaléat, G. Rocque, SAPDA)
Vue générale lors de la fouille des deux bandes latérales (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Vue générale de l’ensemble des parties fouillées (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Vue générale lors de la fouille de la partie occidentale (T. Eyraud, Actua drone / SAPDA)
Un cœur s’est envolé et s’est posé sur ce squelette en cours de fouille (SAPDA)
Dégagement minutieux d’un anneau passé autour du doigt (SAPDA)
La fouille de la place Victor Hugo a été l’occasion de présenter le travail archéologique au public (SAPDA)
Les écoles de la commune ont également pu rencontrer l’équipe (SAPDA)
Crédits

Images et réalisation : T. Eyraud, Actua drone

2017 – Diagnostic Quartier de Preles

Diagnostic d’archéologie préventive

Date d’intervention : 13 septembre au 19 octobre 2017
Responsable scientifique : Eric Yény

Surface prescrite : 133 755 m2
Nature de l’aménagement : Renouvellement urbain du quartier de Preles

Aménageur : Vichy Communauté

Chronologie : Époque Contemporaine

Une opération de diagnostic archéologique a été menée en amont du renouvellement urbain du quartier de Presles, sur la commune de Cusset.

Fouille en cours au sein d’un sondage (E. Yény, SAPDA)
Exemple d’un sondage archéologique (E. Yény, SAPDA)

Le projet, conduit par Vichy-Communauté, porte sur une superficie de 135 755 m², bien que toute l’emprise ne soit pas diagnostiquable du fait de la densité des habitations. Elle comprend en effet l’actuelle cité de Presles et une friche située rue des Darcins. Ces deux espaces sont séparés l’un de l’autre par la rivière du Sichon.

Malgré les nombreuses contraintes techniques rencontrées au coeur de la cité de Presles, le présent diagnostic a permis de réaliser cinquante-et-un sondages sur l’emprise du projet. Quarante-six vestiges ont été recensés, tous sont rattachés à la période contemporaine (depuis 1798 jusqu’à nos jours).

Localisation de l’emprise du diagnostic et des sondages sur le plan cadastral de Cusset (E. Yény, SAPDA)

Les résultats ont montré sur l’ensemble du diagnostic l’absence de niveaux anciens, probablement détruits par le cours du Sichon comme le suggère l’épaisse grave alluviale contenant quelques tegulae et tessons antiques roulés. Seuls les niveaux contemporains, situés au-dessus de la grave, sont conservés. Les aménagements qui y ont été découverts sont pour l’essentiel directement liés à la cité de Presles (remblai d’élévation contre les crues du Sichon, réseaux alimentant les immeubles). Les vestiges de l’ancien Moulin de Presles, déjà présent sur le cadastre Napoléonien et détruit en 1971 ont été retrouvés, ainsi que les fondations d’une maison contemporaine rue des Darcins.

Les vestiges du moulin de Presles sur fond de cadastre ancien (1812 (E. Yény, SAPDA ; Archives Départementales de l’Allier)
Plan des vestiges du moulin de Presles projetés sur un cliché aérien de 1928 (E. Yény, SAPDA ; IGN)
Sol du moulin en cours de dégagement à la pelle mécanique (S. Baraton, SAPDA)
Sol du moulin en cours de nettoyage (E. Yény, SAPDA)
Puits en lien avec le moulin, noter le fragment de margelle en ciment effondré dans le comblement (S. Baraton, SAPDA)